Les origines

La topographie naturelle du défilé de Saint-Cergue en a fait depuis les origines un lieu de passage. A l'époque romaine, deux chemins, l'un venant de Nyon, l'autre d'Aubonne se rejoignaient à Saint-Cergue. Ils furent employés non seulement par les troupes romaines, mais également pour l'acheminement du sel de la région de Salins.

Le Moyen Âge

Il est fait mention de la localité pour la première fois dans une charte de l'évêque Gui de Genève en 1110, confirmant à l'abbaye de Saint-Oyen de Joux (aujourd'hui Saint-Claude) la possession de l'église de Saint-Cergue. C'est l'origine connue des droits de cette abbaye sur le plateau du Jura. L'existence d'une église paroissiale à cette époque impliquait nécessairement celle d'un village. Ce dernier aurait été connu à cette époque sous le nom de villa Pistilingionis; quant à l'église, elle aurait été dédiée à Saint Cyrique dont Saint-Cergue est une corruption.

Dès le haut Moyen Âge, la montagne fut traversée à cet endroit par des marchands, des pélerins et autres voyageurs. On comprend dès lors que l'abbaye de Saint-Oyen et plus tard les seigneurs puis les ducs de Bourgogne aient cherché à s'assurer la souveraineté sur ces confins du Pays de Vaud savoyard.

Les richesses du monastère n'étaient en outre pas sans susciter des convoitises auprès des voisins, notamment de Savoie, qui tentaient de s'approprier ses terres. En 1279, l'abbé de Saint-Oyen Gui II, conscient de l'importance stratégique du site aux confins de ses terres, fit appel à un parent, le seigneur de Thoire-Villars dont les possessions étaient proches du monastère, afin qu'il concourre à le protéger. Ce dernier possédait de grandes propriétés dans la Bresse ainsi que dans le pays de Vaud et il était opposé à l'agrandissement de la maison de Savoie. En 1299, la construction d'un château, destiné à assurer la protection du passage, fut alors entreprise. La souveraineté de Saint-Oyen sur le village de Saint-Cergue se maintient jusqu'à la Réforme.

En 1412, la Maison de Savoie qui n'avait pas abandonné ses vues sur le passage de Saint-Cergue, s'empare du château. Toutefois, après négociation, elle le rendit l'année même au comte de Châlon. Au XVe siècle, le châtelain de Nyon avait étendu sa juridiction sur tout le territoire de Saint-Cergue. C'est au cours d'une incursion des troupes suisses dans le Pays de Vaud, durant les guerres de Bourgogne, que le château fut détruit.

Saint-Cergue devient bernois

En 1536, dès que la ville de Berne eut conquis le Pays de Vaud, elle considérait Saint-Cergue comme faisant partie de ses domaines. Ses prétentions furent vivement disputées par l'Espagne qui possédait la Franche-Comté depuis l'avènement de Philippe II, successeur de Charles Quint en 1556. Entre 1557 et 1606, de nombreuses querelles opposèrent les 2 parties. Finalement, après arbitrage, Saint-Cergue fut définitivement attribué à Berne et l'on planta les bornes entre Saint-Cergue et Mijoux.

Au cours des disputes précédemment évoquées, il semble que Saint-Cergue soit tombé dans une grande pauvreté et, en 1679, Leurs Excellences de Berne (LLEE) chargent 2 sénateurs de faire enquête à ce sujet. Le village avait cependant conservé quelques immunités et ses ressordissants étaient exemptés de service militaire, mais devaient assurer le passage qui était surveillé par un corps de garde permanent.

La Cure

La Cure n'est considérée comme un village que depuis le Traité des Dappes, au milieu du XIXe siècle. Auparavant il ne s'agissait que de quelques bâtiments isolés. En 1643, lors de l'érection des Rousses en paroisse, l'archevêque de Lyon fixa la pension du curé à 120 livres. Cependant, cette pension devait être garantie par des biens immobiliers. Les habitants des Rousses achetèrent alors le chalet et le pâturage de la "Boriaz" et 5 ans plus tard le "Prels d'Arberoz". Jacques Arbel fut le premier curé des Rousses qui bénéficia des revenus de La Cure.

La région de La Cure, bien que peu peuplée, fut dès lors le lieu de nombreux affrontements à cause de 2 documents de propriété contradictoires. L'abbaye de Saint-Claude faisant valoir d'une part des droits accordés par Charlemagne en 1178 et les chartreux d'Oujon d'autre part qui possédaient un titre de donation de ces territoires daté de 1184. En 1722, le conseil des Rousses adresse à LLEE une lettre afin d'éclaircir la situation. Il faudra toutefois attendre l'accord survenu en 1862, entre le Conseil fédéral et Napoléon III concernant la vallée des Dappes, pour que le calme se réinstalle.

La campagne d'Italie montra au premier consul Bonaparte la nécessité d'une communication française aussi rapide que possible entre Paris et le Simplon via Genève. Une route passant par les Dappes fut prévue et, en 1802, des négociations avec la Suisse aboutirent à l'échange de la vallée des Dappes contre le Fricktal en Argovie, permettant son tracé sur territoire français. Le tronçon La Cure - Genève allait ainsi appartenir à la grande voie napoléonienne Paris - Simplon.

A la chute de l'Empire, en 1815, les frontières de la France furent ramenées à celles d'avant 1790. La vallée des Dappes devait donc être rendue à la Suisse. Les 2 pays prétendirent à cette possession. C'est en 1862 que le différend fut résolu de manière inattendue sous l'appellation de Traité des Dappes. La France se voyait attribuer le tiers de la surface de la vallée, soit la partie sur laquelle était établie la route de la Faucille. La Suisse recevait en compensation les 2 autres tiers de la vallée, auxquels était rajoutée une superficie prélevée sur le versant français du Noirmont, égale au tiers de la vallée des Dappes laissé à la France.

Dès lors, les maisons de La Cure qui avaient toujours été françaises devinrent partiellement suisses. Certaines se trouvent aujourd'hui encore dans une situation particulière. Traversées par la frontière, elles possèdent un pied en France et l'autre en Suisse.

L'époque moderne

Saint-Cergue qui s'affiche aujourd'hui comme une station d'été et d'hiver n'a pas toujours été fréquentée par les touristes. Il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que cette activité commence à s'y développer. Des familles genevoises, encouragées par les vertus du bon air que prescrivaient les médecins et séduits par la beauté du site furent les premiers hôtes à être accueillis dans les rares pensions existantes alors.

Ces établissements sans confort jetaient les bases de ce qui allait devenir une station importante. Au tournant du siècle et sous l'impulsion de la direction du Grand Hôtel, Saint-Cergue se taillait une réputation qui allait bien au-delà de ses frontières. Hormis les sports d'hiver qui représentaient une activité fort prisée, la situation géographique privilégiée du site lui valut une reconnaissance unanime.